Journal d’un border collie réactif – Épisode 3 : Gérer pour mieux avancer

Dans l’épisode précédent, je t’expliquais le principe des tunnels de comportements — ces réactions automatiques que le chien déclenche sans réfléchir, comme un réflexe irrépressible.

Chez Jaïko, le tunnel est bien ancré :

Je vois quelqu’un, un chien ou une voiture → je charge.

Mon objectif aujourd’hui ?
Créer de nouveaux réflexes, plus apaisés, plus sécures.

Mais avant même de parler d’exercices, de récompenses ou de méthodes, il y a une chose qu’il faut absolument comprendre : Sans gestion, pas de progression.


Gérer, ce n’est pas fuir. C’est construire.

Quand on parle de gestion, on parle d’un truc simple (mais pas facile) :

Eviter que le chien ne vive une situation qu’il n’est pas prêt à gérer.

Ca veut dire ne pas mettre Jaïko au milieu des humains si c’est trop compliqué pour lui. Ou avec des chiens inconnus. Ou près d’une route où passent plein de voitures.

Et si tu as un chien réactif, cette gestion-là, elle va devenir ta meilleure alliée.


« Mais s’il n’est jamais exposé à ce qui le déclenche, il n’apprendra jamais, non ? »

C’est LA question que tout le monde se pose.
Et elle est légitime.

Mais voilà : être exposé, ce n’est pas la même chose que subir.

Et Jaïko, lui, il a passé du temps à subir.


Ce que Jaïko a déjà vécu

On l’a mis en muselière, puis au milieu d’humains,
avec l’idée implicite : “Tiens-toi bien, et laisse-toi faire.”
On l’a forcé au contact.
On a ignoré son état émotionnel.

Et c’est exactement ce que tu vois dans certaines vidéos virales sur les réseaux :

Un chien agressif au début, qui finit par ne plus bouger du tout au bout d’une heure en présence de gens ou de chiens

Mais ce chien-là… il n’a pas “appris”.
Il s’est résigné.

Il n’est pas guéri. Il est figé, souvent épuisé nerveusement, parfois corrigé physiquement dès qu’il exprime quelque chose.

Et demain ?
Dans un autre lieu ? Avec d’autres personnes ?
Sa réaction sera toujours là, voire même pire.


Ce qu’on veut, ce n’est pas un chien figé.

C’est un chien détendu, curieux, capable de choisir.

Et pour ça, il faut lui éviter les expériences qu’il ne peut pas encore traverser.

C’est ça, la gestion.


Et ça fait partie intégrante de mon programme Relax Max

Dans Relax Max, je t’aide à :

  • Identifier ce qui déclenche ton chien,
  • Créer un cadre structurant, sans pression pour lui
  • Et surtout : poser les fondations du calme, avant de demander quoi que ce soit.

Parce que quand ton chien est calme… il peut apprendre.

Et Jaïko commence tout juste à découvrir cette possibilité.


Exemple concret : le concours d’agility

Quelques jours après son arrivée, j’ai dû emmener Jaïko en concours d’agility
Un lieu bondé, bruyant, avec des chiens, des gens, des cris…
Pas l’idéal, mais je ne pouvais pas le laisser à la maison toute la journée.

Alors j’ai sorti ma panoplie complète de gestion :

  • Mettre de la musique dans la voiture pour couvrir les aboiements alentours.
  • Le sortir stratégiquement aux moments les plus calmes, quand les gens regardaient les parcours ou déjeunaient
  • Eparpiller des friandises dans sa caisse avant que je sorte mes chiens, pour qu’il reste occupé au lieu de monter en tension en les voyant sortir

Est-ce qu’il a réagi ce jour-là ? Oui, bien sûr.
Mais nettement moins que si je l’avais laissé affronter tout ça sans filet.

Et surtout, au fil de la journée…
Il s’est détendu.
Il a même pu être promené par une amie, calmement, sans muselière, sans tension, sans cris.

Ce n’est pas la perfection.
Mais c’est une vraie progression.


La gestion, c’est aussi chez moi. Et avec mes chiens.

Jaïko, comme beaucoup de chiens réactifs, a tendance à s’exciter en présence d’un autre chien.
Et avec Storm, c’est facile d’être excité. Ils ont presque le même âge et sont très dynamiques.

Alors je fais un choix simple (mais stratégique) :

Je ne les mets en présence que quand ils sont tous les deux calmes.

Pas de jeu à froid. Pas de rencontre après une montée en tension.
Uniquement après une balade ou une séance d’activité, quand leurs émotions sont redescendues.

Parce que si Jaïko associe les autres chiens à de l’excitation constante…
Alors il va entretenir un autre tunnel de comportement :

« Je vois un chien = j’explose. »

Et moi je veux l’inverse :

« Je vois un chien = tout va bien se passer. »

Accueillir des gens : anticiper, toujours

Autre exemple : les visites à la maison.

Jaïko est très réactif quand quelqu’un arrive chez moi.
Il aboie, il se tend, il se met en mode alerte maximale.

Alors je ne le laisse jamais en présence directe des gens quand ils arrivent.
J’anticipe, je crée de la distance, je prévois des zones de confort.

Plus tard, peut-être, il pourra dire bonjour.
Mais aujourd’hui ? Il n’en est pas là. Et c’est ok.


Et non, on ne supprime jamais à 100 % la réactivité

Promettre qu’un chien ne réagira plus jamais, c’est mentir.

L’agression, c’est un comportement normal dans certaines circonstances.
Ce qu’on veut, ce n’est pas l’éteindre, mais le rendre mesuré, adapté, compréhensible.

Jaïko a le droit :

  • D’avoir peur,
  • D’être agacé,
  • D’exprimer un inconfort.

Mais ce que je veux lui apprendre, c’est à ne pas exploser.
À choisir un comportement plus sécure, plus simple, plus calme.

La gestion, c’est ce qui rend l’apprentissage possible.

Elle évite les rechutes,
elle protège la relation,
et elle préserve l’état émotionnel du chien.

Et surtout :

Elle crée l’espace nécessaire pour qu’un nouveau comportement ait une chance d’émerger.


Mais comment je fais quand Jaïko réagit malgré tout.

Parce que oui, ça arrive encore. Et c’est normal.

Dans ces cas-là, mon focus n°1, c’est de l’éloigner le plus vite possible de ce qui l’a déclenché.
Mon but, c’est d’éteindre le feu, pas de lui demander de réfléchir en pleine incendie.

Il faut bien comprendre que dans ces moments-là, ton chien est en mode survie.
Il est incapable de se calmer, incapable d’apprendre.
Tu peux crier, t’agiter, lui dire « assis », « laisse », « non »…
Ça ne changera rien.

Ce serait comme demander à quelqu’un en crise de panique de résoudre une équation.
Il ne peut pas. Il a besoin de sécurité, pas d’un exercice.

C’est pour ça que l’évolution ne se produit jamais quand il réagit.
Elle se produit dans les instants de calme, dans les choix qu’il peut faire quand il va bien.

Et c’est là que tu dois investir ton énergie :

  • Créer ces moments
  • Les repérer
  • Les renforcer

Dans le prochain épisode, je t’e montrerai ce que je fais juste après une réaction pour remettre Jaïko sur les rails, sans le laisser seul avec sa panique.’expliquerai en détail le rôle central du calme pour Jaïko (et pour tous les chiens réactifs).

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N’hésite pas à me poser des questions, je pourrais y répondre dans les futurs articles.